Rémy Raciti

Professeur de clarinette

Qu’est-ce que tu dirais à un élève pour lui donner envie de commencer la clarinette ?

Je lui dirais de venir essayer quand il veut dans ma classe. Il arrivera à faire un son et il se rendra compte que c’est un instrument abordable. Je lui montrerais aussi : le registre, des modes de jeu, je lui jouerais des choses qu’il connaît, je lui ferais écouter des enregistrements. Ça lui montrerait que ce n’est pas qu’un vieil instrument, mais aussi un instrument moderne.

Tu penses que c’est impressionnant comme instrument pour les petits ?

Oui, ça paraît dur : le fait de souffler dedans et tous le matériel, c’est comme le hautbois c’est toujours délicat comme instrument. Lui faire souffler dedans, lui montrer qu’il y arrivera, ça lui donnera envie.

Qu’est-ce qui fait la particularité de ton enseignement ?

D’être ouvert : dans la technique de l’instrument, dans l’approche musicale. De ne pas fermer l’instrument à un univers trop académique non plus, mais sans oublier mes fondamentaux. De faire en sorte que tu puisses te faire plaisir avec la clarinette dans plein d’esthétiques différentes : musiques Klezmer en premier lieu bien sûr, jazz, musique électro, ce qui me touche moi à la base. Plein de choses sont faisables. Les élèves n’iront pas forcément vers ce genre de styles, après, c’est à moi de m’adapter à eux aussi.

J’ai une base qui est assez formatée "conservatoire". Cela vient de l’origine de ces derniers. A l’époque, en 1794, il y avait dix professeurs de clarinette au conservatoire de Paris car il fallait former des clarinettistes pour l’orchestre militaire. Par comparaison, à l’heure d’aujourd’hui, il y a deux ou trois profs au conservatoire de Paris. Le modèle français est hyper technique. On a pléthore de clarinettistes de très haut vol en France et dans le monde car la plupart sont issus de la formation française.

Peux-tu nous citer quelques grands clarinettistes ?

Paul Meyer :

Philippe Berrod

Jacques Di Donato, qui ne joue pas que du classique et qui montre vraiment cette ouverture à laquelle je tiens. C’est bien d’avoir des gens comme Philippe Berrod qui a été nommé au conservatoire de Paris qui fait aussi de la musique brésilienne, des musiques juives, etc . A Lyon c’est Nicolas Baldeyrou qui lui, en revanche, est très classique.

Dans la musique Klezmer-électro tu as David Krakauer :

Dans les jeunes, tu as Emilien Veret qui fait ce qu’on appelle de la clarinette urbaine :

Peux-tu citer quelques morceaux phares à faire écouter ?

Je n’ai pas forcément de préférence dans le répertoire de la clarinette : ça peut être un beau solo de clarinette dans un opéra comme du trash métal. Surtout, il faut que ça me touche.

J’écoute aussi beaucoup Yom ou Ibrahim Maalouf, même si ce dernier n’est pas clarinettiste. Ce sont des gens que j’ai côtoyé au conservatoire de Paris et qui sont dans cette ouverture d’esprit que j’aime beaucoup.

Pour écouter Yom :

Ou Ibrahim Maalouf :

Quel est ton but pour tes élèves ?

L’ouverture et trouver sa propre identité musicale au travers de la clarinette et de ses envies. C’est mon but sur les trois cycles. Ils ne trouveront pas avant le troisième cycle. Il faut qu’ils puissent choisir en connaissance de cause. Des fois, ils ne vont que vers le classique, il faut les pousser un peu pour qu’ils découvrent d’autres styles.

En cycle I, on apprend des méthodes et on prend un rythme. Souvent un élève qui arrête en fin de cycle I, c’est un élève qui n’a pas assez travaillé, qui n’a pas pris le rythme.

Comment se passe un cursus par cycle en clarinette ?

Le cursus ne doit pas être figé. Un cursus figé, c’est comme une pédagogie figée. Ce n’est pas possible, c’est de l’anti-pédagogie. Il faut s’adapter beaucoup à la vitesse d’apprentissage des élèves.

La clarinette est-elle un instrument soliste ?

Surtout pas. C’est surtout un instrument d’orchestre, mais pas forcément que d’orchestre. Ça peut être de petits ensembles constitués ou éphémères : de musique de chambre, de musique actuelle.

Que penses-tu des cours de clarinette pour les CE2 ?

Souvent, ça a créé l’envie de venir s’inscrire en clarinette. Les élèves issus des CE2 étaient de bonnes recrues. C’est un très bon moyen de découvrir la clarinette, même si je pense que le projet général peut être amélioré.

Tu fais aussi jouer tes élèves en ensemble de clarinettes ?

Oui, bien sûr. Tous les ans il y a des projets où les clarinettistes jouent en ensemble, dès la première année. Je ne fais pas de distinction.

Peux-tu nous citer quelques projets phares de la classe de clarinette ?

Klezmer Touch, bien sûr !

A quel âge peut-on commencer la clarinette ?

Maintenant, même à six ans et demi, tu peux commencer. Il faut avoir les dents définitives du haut. Avec la facture actuelle au niveau des becs : avec des anches faciles, des becs faciles, ils peuvent sortir un son, même sans les dents du haut. Bien sûr, c’est mieux quand ils ont leurs dents définitives, mais ça n’est pas une obligation.

Vous pouvez entendre Rémy Raciti quand il jouait dans Ailleur5 :

https://myspace.com/ailleur5/music/songs
http://www.dailymotion.com/ailleur5

Interview réalisée par Julia Fayolle le 30/11/2016





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